Salut,
Pas de quoi battre sa coulpe, mais nous faisons fausse route en utilisant ChatGPT comme moteur de recherche. Il est bien meilleur pour cogiter plus et mieux, pour être créatif. Nous allons voir pourquoi et comment.
Nous aurions dû faire attention. Impossible de bien travailler avec un outil dont certains estiment que jusqu’à 30% des réponses sont des conneries. Elles poussent même à en faire comme ce passager qui, légèrement blessé lors d’un vol sur Avianca, a intenté un procès au transporteur. Son avocat s'appuyait sur plusieurs cas de compagnies aériennes contraintes d'indemniser les plaideurs. Petit problème : les affaires invoquées n’existaient pas. Elles avaient été « hallucinées » par ChatGPT dont s’était servi un des membres de l’équipe du plaignant pour donner du corps au dossier. (Voir aussi Le Figaro)
La proportion d’erreurs avancée est invérifiable. Mais elles sont trop nombreuses pour que nous puissions vraiment lui faire confiance et, du coup, nous sommes tentés de nous abstenir de toucher à l’IA générative (capable de générer du texte, des images ou d’autres médias) au lieu d’apprendre à l’utiliser comme ce qu’elle est aujourd’hui : un outil pour raisonner, réfléchir et créer.
Ça raisonne là-dedans
Ces erreurs ne sont pas dues au hasard : les informations sur lesquelles ChatGPT a été entraîné avaient pour but de lui permettre d’enchaîner les lettres, syllabes et termes les plus probables pour donner des réponses plausibles, mais qu’il ne comprend pas, aux questions qu’on lui pause. Pour que ça marche il faut beaucoup de mots. Les modèles linguistiques utilisés prennent donc tout ce qu’ils trouvent, mais leur intérêt est limité par la qualité des données enregistrées. Les concepteurs s’efforcent de les améliorer (en s’appuyant sur les commentaires et précisions des utilisateurs, plus des vérifications faites par leurs employés).
Ça n’est pas la seule solution. Si les connaissances ne sont pas assez fiables nous pouvons utiliser la capacité à raisonner estime Dan Schipper un entrepreneur de New York qui « pense et écrit ».
Le Robert comme Larousse nous expliquent que cela consiste à utiliser sa raison, à réfléchir. Mais ils glissent très vite, le premier sur « Enchaîner les parties d'un raisonnement ». Le second sur « Lier logiquement entre elles des propositions pour aboutir à une proposition nouvelle ». Avec des données dont on est sûr, c’est super.
C’est exactement le raisonnement tenu par la plus grande entreprise d’informations financières de la planète en se lançant dans la création de BlombergGPT qui fonctionnera sur ses propres archives et quelques sources publiques et vérifiées.
Pour Schipper : « Les personnes qui organisent, stockent et cataloguent leurs propres réflexions et lectures auront une longueur d'avance dans un monde dominé par l'IA. Elles peuvent mettre ces ressources à la disposition du modèle [linguistique] et les utiliser pour améliorer l'intelligence et la pertinence de ses réponses. » Cela concerne entreprises et travailleurs du savoir, en gros, les gens comme vous et moi… ce que je voudrais vous montrer maintenant.
Comment la valeur de mes notes a fait un bond en une semaine
Pour ceux qui ne s’en seraient pas doutés, je suis du genre « tout digital ». Je prends toutes mes notes de cette façon depuis une quinzaine d’années, même pour un entretien (avant les programmes de transcription automatique). Qu’il s’agisse de presse ou de livres, je ne lis que des textes digitalisés et privilège ainsi le contenu sur la matière. Comme je l’ai entendu dire au patron du New York Times en 1994, dans une conférence que j’avais contribué à organiser à Harvard : « What matters in newspaper is not paper » (ce qui compte dans journal - qui se dit littéralement en anglais « actupapier » - n’est pas le mot « papier »). Cela vaut pour tous les supports.
Pas de livres chez moi et pas de classeurs.
Au fil des ans j’ai fini par découvrir qu’une de mes passions avait un nom : le Personal Knowledge Management, la gestion des connaissances personnelles. Ou comment tirer le meilleur parti possible des outils qui traitent - chacun à sa façon - les différentes informations que je cherche, trouve, garde, organise et transforme en articles, newsletters, conférences et cours.
Diigo.com me permet d’archiver et de surligner des articles (quelques milliers). Readwise.com récupère les fragments qui m’intéressent de tous les livres que je lis, et permet de les relier aux articles annotés sur Diigo.
Super… mais inutile. Inefficace en tous cas puisque le secret d’une bonne prise de notes consiste à les prendre en utilisant ses propres termes et commentaires… ce qui ne me servait pas à grand chose jusqu’à la semaine dernière puisque retrouver ces éléments non enregistrés dans ma tête était, dans la réalité, pratiquement impossible.
Depuis le 22 mai pourtant - date inoubliable -, un chatbot s’est mis à mon service au sein de Mem.AI, l’application dont je me sers pour organiser ce que je conserve « automatiquement et de façon légère » et qui bénéficie d’un investissement massif d’OpenAI, l’entreprise créatrice de ChatGPT. Apparu à ma plus grande surprise ce jour là, il m’a demandé en quoi il pouvait m’aider.
Qu’il écrive à ma place m’aurait épargné quelques peines mais tant de plaisirs. Pas question.
J’ai donc commencé par vérifier s’il comprenait l’anglais, le français et l’espagnol, mes langues de travail. Réponse affirmative accompagnée d’exemples convaincants. Il m’aide maintenant à retrouver de façon précise ce que j'ai écrit, d'établir des connexions auxquelles je n'aurais pas pensé avec ma base de données.
Et de là vient un saut qualitatif que je n’avais pas envisagé : il me pousse à mieux prendre mes notes. Maintenant que je sais qu’elles sont utilisables, je prends soin de commenter ce que je lis et ne me contente plus de surligner. Ce que les spécialistes recommandent depuis longtemps et que je ne m’étais jamais résolu à faire.
Je me sens plus créatif…
Essayez, c’est surprenant. Plus vous vous y mettrez vite mieux vous en tirerez parti. Quel que soit votre âge. Ça vaut aussi pour les entreprises ou associations. Quelle que soit leur taille. Les offres abondent. A chacun.e de trouver celle qui convient.
Bon vent…
L’octogénératif vous salue bien ;-)