Bonjour,
Nous ne pensons qu’à respirer mieux, ne rêvons qu’aux vacances. Les questions sur le futur sont remises à la rentrée. Très loin. Mais le temps de penser à l’après commence maintenant. Il dépendra, en très grande mesure, de l’avenir des villes… qui ne se laissent pas facilement diriger.
Temps de lecture : 3 minutes
Si ça vous inspire... faites suivre...
Comment les villes vont-elles réagir ?
Depuis quinze mois, les nomades aisés se sont installés loin des métropoles et chantent dans tous les micros qu’ils ont trouvé un équilibre de vie qui leur convient. Bien des médias semblent parier sur la croissange des villes moyennes /Le Monde.
Mais comment vont réagir les villes ? Nous savons qu’elles sont des organismes vivants, comme les cellules et comme les entreprises. Elles sont aussi, comme le montrent les travaux duu Santa Fe Institute, la forme la plus efficace d’organisation du territoire, partout, depuis 6.000 ans. Quand elles doublent de taille, elles n’ont besoin que de 85% d’infrastructures en plus mais fournissent une augmentation de la productivité et du niveau de vie de 115% /Citynnovation. Difficile d’envisager qu’un coronavirus y mette fin ? Et pourtant la question se pose.
Pourquoi c’est important - Parce que la qualité de vie de la plupart des humains en dépend et parce que, de notre compréhension de ce phénomène, dépendront le succès des investissements à faire dans le monde entier.
Deux des meilleurs spécialistes, Carlo Ratti et Richard Florida, affirment clairement qu’elles vont récupérer leur pouvoir d’attraction à condition qu’on les aménage un peu mieux /Project Syndicate. L’économiste Enrico Moretti l’explique /Vox.
C’est compter sans la « YOLO - You Only Live Once - economy » qui pousse ceux qui en ont les moyens à travailler « hors les murs ». /NYTimes. Google met des sommes considérables dans ses recherches pour accommoder ses besoins à ce désir de ses employés /NYTimes.
L’émergence rapide de solutions sociétales nouvelles est toujours possible. Donc : pourquoi pas ? Mais une dynamique de 6.000 ans ne s’inverse pas facilement. A moins qu’il ne s’agisse d’un changement dans la topologie des villes qui ne seraient plus prises en compte comme « municipalités » mais comme « archipels » fonctionnant « en réseaux ».
Laissons un peu de temps au temps, pour voir.
Si vous avez des exemples, dans un sens ou dans l’autre, n’hésitez pas à me les communiquer. Je réponds à tous les mails.
Faitincelles
> COVID : 10 millions de morts et pas 3,4. C’est le vrai bilan révélé par un travail sérieux sur les données. Les deux tiers proviennent des pays pauvres. Autant de raisons pour distribuer généreusement les vaccins (et lever temporairement les brevets). Faute de quoi le drame indien, dont j’ai parlé il y a 15 jours, risque fort de se reproduire ailleurs /The Economist /Gazette de Pi.
> Sans fin : Al Aqsa-Gaza - Une interrogation sur la situation doit passer par la lecture d’un tableau clair des responsabilités croisées de tous les acteurs : de Trump au Hamas en passant par Biden. Toutes les parties prenantes ou intéressées font semblant d’oublier que les raisons du conflit demeurent intactes, quand elles n’empirent pas. Conclusion : nous ne sommes pas prêts d’en voir la fin /Le Monde. Pas si simple.
Pourquoi c’est important à court terme : En raison des morts quotidiennes, bien sûr, mais aussi parce que l’explosion a lieu en pleine tentative pour sortir de la crise politique israélienne. Netanyahou est dans une mauvaise passe et la montée des tensions ne va pas sans risques pour lui, mais l’éventualité d’une guerre ne pousse pas à un changement de gouvernement et pourrait bien le renforcer. Encore une fois /NYTimes.
> Les Big Tech réagissent aux pressions
Enivrées par leur puissance, les géantes du numérique semblent insensibles à ce que nous pensons d’elles. Et pourtant, les pressions de leurs employés, des utilisateurs et des pouvoirs publics commencent à se faire sentir. Apple propose aux utilisateurs de l’iPhone d’accepter d’être suivis par les dispositifs publicitaires (ce qu’on appelle opt in) plutôt que de leur permettre de s’en sortir (opt out). Google vient d’annoncer la mise en place, l’an prochain, d’un dispositif comparable sur les téléphones Android. Facebook n’est pas contente. Même cette bisbille entre géants leur convient en montrant qu’elles ne font pas toujours front commun /What’s New In Publishing.
Ce que cela révèle - Que les luttes et les pressions convergentes contre les puissances les plus grandes permettent d’obtenir des résultats, modestes certes, mais encourageantes…
Pi Mindset - L’agir écologique
Cela consiste, notamment, à passer de « lutter contre » à « faire avec » (ou sans) et précède ainsi la résilience. Trois exemples publiés cette semaine :
Goteborg se veut « la meilleure ville du monde sous la pluie », c’est à dire 40% du temps. Elle a construit une école pleine de flaques dans lesquelles patauger avec délices, même faire du skateboard. Les architectes invités reconnaissent n’avoir jamais pensé à construire qu’en essayant de faire oublier la pluie. Ils envisagent maintenant « que c’est rentré dans leur crâne pour toujours » d’appliquer la leçon ailleurs /The Guardian.
La meilleure église sous le soleil pourrait bien être celle de Nianing, au sud de Dakar. Conçue comme une termitière, elle bénéficie d’une ventilation naturelle due à une orientation qui permet de tier partie des courants d’airs dominants. Conçue par l’architecte Nicolas Vernoux-Thélot, elle offre, sans air conditionné, de la fraîcheur en climat chaud, même pour les messes de l’après-midi /Demain la ville.
Même Elon Musk suit le vent. Il vient d’annoncer que Tesla n’acceptera plus les monnaies virtuelles tant que leur traitement ne fera pas appel à des sources d’énergie renouvelables /Numerama. La validation nécessaire à chaque transaction réalisée par les seuls Chinois consommera en 2024 autant d’énergie que l’Italie toute entière /The Economist.
« À toi appartient le regard et […] la liaison infinie entre les choses »
August Ludwig Hülsen (1765-1809) /Musée du Quai Branbly