L’offensive productiviste d’OpenAI ≈040
Chorégraphie de séduction hyper réglée des patrons d’OpenAI et de Microsoft pour calmer les craintes du public et, ils étaient à Davos, pour promettre des fortunes aux investisseurs. Inquiétant.
Sam Altman et Satya Nadella, les patrons d’OpenAI, l’entreprise créatrice de ChatGPT et de Microsoft (vous connaissez n’est-ce pas?) étaient la coqueluche du World Economic Forum qui s’est tenu à Davos la semaine dernière. Le gratin de la planète business voulait les entendre, les voir, et peut-être même les toucher. Ils avaient parfaitement préparé leur numéro de charme autour d’arguments faits pour calmer les fantasmes en matière d’intelligence artificielle et… promettre la création de richesses pharaoniques.
Et c’est là que le bâts blesse. Ou devrait blesser. Regardons d’un peu plus près.
Rassurer
Après les craintes suscitées par la crise de novembre au sein d’OpenAI (voir Myriades : Games of AI : c'est qui les pions ?) il s’agissait d’abord de rassurer le public en général (et bien des patrons ou politiques présents à Davos) sur les risques d’un débordement.
L’argument bien préparé par leurs services de relations publiques s’articule en deux temps.
D’abord, puisqu’on ne peut pas vraiment expliquer comment ça marche (trop compliqué pour presque tout le monde), en disant qu’au lieu d’avancer par grandes poussées ce qui compte c’est la « généralité » d’une multitude de petites avancées, jamais détaillées mais toujours bien emballées.
Le deuxième temps consiste à dire (contrairement à ce qu’Altman prétendait quelques semaines plus tôt) que l’IA générale (plus intelligente que nous dans tous les domaines) n’est pas pour demain et qu’elle arrivera presque sans que nous nous en rendions compte.
Lors d’un entretien commun mené par Zanny Minton Beddoes, responsable éditoriale de The Economist, Altman a déclaré « Je pense que plus personne n'est d'accord sur la signification de l'AGI (Intelligence Artificielle Générale. » « Lorsque nous atteindrons l'AGI, a-t-il ajouté, le monde s'affolera pendant deux semaines, puis les humains retourneront faire des choses humaines. » Il a précisé que l'AGI serait une « chose étonnamment continue », où « chaque année, nous sortirons un nouveau modèle bien meilleur que l'année précédente ». Pas à pas, sans grande révolution, comme avec l’iPhone.
Un argument malin qui leur permet d’enrober la crainte dans des explications vagues, justifiées à leur tour par la difficulté d'expliquer la technologie à des non-spécialistes.
Des gros sous plein les mirettes
Restait à convaincre les patrons présents d’acheter les services proposés.
Altman et Nadella se sont mis d’accord pour dire d’abord que leur véritable objectif était de faire gagner plus d’argent aux utilisateurs de leur plateforme qu’ils n’en gagneraient grâce à elles. C’est pas faux et ça sonne bien. Ils ont ensuite fait miroiter, au cours du même entretien, des augmentations pharamineuses de la productivité et de la croissance, généreusement réparties, bien entendu.
« L'objectif est que les personnes qui utilisent votre plateforme gagnent plus d'argent que vous. Microsoft se focalise sur cet objectif » a déclaré Altman avant de préciser qu’ils voulaient « Mettre cela à la disposition du monde et permettre aux gens d'être plus productifs. » Réponse tout sourire de Nadella « Je partage évidemment ce point de vue. Il ne fait aucun doute dans mon esprit que si cette plateforme doit stimuler la productivité, elle doit aussi se transcender dans toute la croissance mondiale. »
C’est là qu’on s’inquiète et que les écologistes devraient vraiment dresser l’oreille.
Le vrai risque environnemental de l’intelligence artificielle est peut-être moins dans la consommation d’énergie des data-centres qui lui permettent de fonctionner que dans sa contribution à une augmentation de la productivité et de la production partout dans le monde. En clair, c’est, en partie, son éventuel succès dans une course à la croissance sans limite qu’il faut craindre d’un point de vue environnementaliste.
Se méfier des deux (pour des raisons différentes)
Un paradoxe final et tout aussi redoutable nous est fourni par le style des deux hommes tel qu’ils sont apparus à Davos.
Imbu de sa célébrité si vite acquise Altman parle en regardant le plafond - le ciel ? - plus que ses interlocuteurs. Pas nécessairement « illuminé » mais dans un gros trip narcissique.
On est alors tenté de se reporter vers le « vétéran » qu’est Satya Nadella qui travaille pour Microsoft depuis plus de 30 ans et qui a vu plus d’un tournant dans l’histoire des technologies de l’information et de la communication.
Mais n’est-il pas à craindre aussi ? Non à cause de ce qu’il est, mais en raison de la considérable puissance qu’il dirige et de sa capacité d’entraîner dans son sillage administrations et entreprises aussi bien que les particuliers… vous et moi, nous.
Concret : redessiner son appart et donner libre cours à son imagination
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- Dans la même lignée n’hésitez pas à vous amuser et/ou vous inspirer avec cette délicieuse et courte courte vidéo (6’30) de Bilawal Sidhu The AI-powered tools supercharging your imagination (sous-titres en français). Il commence par sa fascination de gamin, en Inde, pour les jeux vidéos et montre l'évolution des outils dont il dispose pour créer des mondes qui partent de la réalité. Important pour l'architecture, le design intérieur ou les paysagistes.