Pour rester à jour il faut apprendre ≈047
Toujours changeante, la culture digitale nous est indispensable pour nous repérer à l’heure de l’intelligence artificielle . Chacun.e à son niveau, à sa façon. Repères à utiliser.
Bonjour,
En prenant l’ascenseur récemment, j’ai trouvé une dame à cheveux blancs secouant son téléphone avec exaspération. Elle n’arrivait pas à y trouver le nombre de pas faits la veille. J’avoue, pour ma part, avoir beaucoup tâtonné pour modifier un clavier sur mon iPad. Soyons honnêtes, cela nous arrive à tou.te.s, à un niveau ou un autre, plus souvent que nous n’aimons le reconnaître.
Or, cette dame, comme vous et moi, sait quand et comment utiliser le feu, l’électricité ou les chemins de fer, comment préparer ses repas chauds, rendre visite à ses enfants pour Noël, quand ne pas mettre ses doigts sur une flamme ou dans une prise et, j’espère, quand ne pas se mettre devant un train bolidifié. Elle sait. C’était inclus dans son éducation.
Que doit-elle, que devons-nous savoir des technologies digitales omniprésentes et indispensables aujourd’hui ? La réponse n’est pas la même pour chacun.e et il me semble indispensable, pour avancer de distinguer entre groupes et situations.
Commençons par un apparent détour, une conférence sur l’intelligence artificielle générative (IAG) organisée par Netexplo (avec laquelle je collabore depuis plusieurs années) pour les entreprises. Il s’agissait, en l’occurence de boîtes suffisamment grandes (plusieurs dizaines de milliers d’employés chacune) pour qu’elles soient obligées d’affronter le problème à tous les niveaux. Nous pouvons en apprendre quelque chose.
Panorama de l’IA générative
J’ai été frappé, par le fait que deux grandes entreprises dans lesquelles les ingénieurs jouent un grand rôle (ils sont 20.000 chez Safran) commencent leurs formations par ce qu’elles appellent « l’acculturation » du personnel dans son ensemble. Pour Vincent Lecerf d’Orange, il s’agit de « mettre un maximum de personnes sur le sujet, de le populariser ». Anne Farah, de Safran, parle de « sensibiliser » l’ensemble du personnel.
Orange distingue trois niveaux de formation : culture (digitale), outil, métier. Les chiffres correspondants à chaque groupe illustrent parfaitement leur dimension. Ils concernent, dans l’ordre, 3O.000, 5.000 et 300 personnes aujourd’hui.
Presque tous les intervenants ont insisté sur le fait qu’il s’agit tout autant d’un sujet humain que technique et que tout le monde est concerné même s’il faut prendre en compte les besoins différents selon les générations.
L’erreur serait de croire que les trois groupes mentionnés n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Ils doivent être envisagés comme des cercles concentriques. En clair : tous ces gens employés dans de grandes entreprises ont besoin de culture digitale même ceux qui ne s’occupent ni d’algorithmes, ni de data, même quand cela ne les concerne pas directement.
« Culture digitale »
Nous ne pouvons pas nous permettre de tout ignorer et n’avons pas les moyens de tout savoir. Mais tout le monde a besoin de culture digitale actualisée sans qu’elle implique une connaissance approfondie de la technologie.
Distinguons trois niveaux.
Aisance et familiarité - Il s’agit simplement de se mettre à jour, d’inscrire l’intelligence artificielle telle qu’elle évolue sous nos yeux dans la continuité de la révolution digitale qui s’est introduite dans nos vies avec l’ordinateur, l’internet et le web ainsi que le téléphone mobile.
Outils - Les spécialistes ne sont pas les seuls à être amenés à s’en servir. Comme pour les autres étapes, celle-ci implique d’apprendre à utiliser quelques dispositifs nouveaux (essentiellement des logiciels genre ChatGPT ou des applications qui intègrent l’IAG comme le proposent Microsoft et Google). Ils peuvent être utiles et nous gagnerons en apprenant à nous en servir.
Enjeux - Nous avons besoin et intérêt à comprendre les enjeux sociétaux de la vague de transformation qui vont de l’IA for good (un vrai mouvement) aux dangers connus comme la surveillance ou la guerre en passant par des formes d’organisation et de gouvernance à tous les niveaux.
Il ne s’agit pas de formation mais toute formation passe par là.
Cette fois ce sont les ingénieurs et les managers qui auraient tort de croire qu’ils peuvent s’en passer. L’IA générative n’est pas seulement faite de joujoux merveilleux à inventer, ni d’efficacité ou de productivité. La société toute entière est concernée : entreprises, éducation des enfants, gestion de la municipalité, associations et gouvernement.
Acquérir cette « culture digitale » et en comprendre les enjeux est aussi important que de se préoccuper de crise climatique et de diversité. Elle permet d’agir avant qu’il ne soit trop tard et de développer des usages positifs, dans la santé par exemple.
Danser sous la pluie
Il s’agit donc de créer une nouvelle PAIDEIA, terme qui désignait dans la Grèce antique « le corpus de connaissances fondamentales dont doit disposer un bon citoyen ». Une idée relativement courante aujourd’hui.
La déferlante arrive comme nous l’avons vu récemment et nous avons le choix entre couler, flotter, surfer ou naviguer. Voire mieux si nous faisons cas des jolis propos de Laurie Bonin, co-fondatrice d’Artpoint, à la conférence Netexplo : « L’IA est comme la pluie, on peut ne pas l'aimer mais on ne pourra empêcher qu'il pleuve alors dansons sous la pluie. » D’autant plus volontiers, il me semble qu’elle présente plein d’aspects positifs et d’opportunités, comme la pluie d’ailleurs, en quantité raisonnable, ou contrôlée, voire endiguée…
Googlez : paideia artificial intelligence et paideia intelligence artificielle
Bientôt - Un journal télévisé entièrement IA
Trouvé sur le site du québécois Bruno Guglielminetti ce test d’un journal télévisé entièrement réalisé par l’IA à partir de sources médiatiques vérifiées. Impressionnant comme vous le verrez très vite.
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Bonne semaine…
Encore une fois, très bon! Carlos Gabetta