Président, et si vous alliez à Pékin lundi ? ≈066
Et si Macron avait l’audace de rendre visite lundi à Xi plutôt qu’à Trump ? Cette courte note qui lui est publiquement adressée explique ce que nous pourrions tous y gagner.
URGENT
Monsieur le Président,
Si vous voulez être écouté, ça n’est pas à Washington qu’il faut aller lundi, mais à Beijing.
Reprenant une formule chère aux innovateurs et aux startups que vous aimez je vous dis : « Et si… » vous aviez l’audace de renverser la table à votre tour ?
L’hypothèse : Si vous voulez qu’Europe et Ukraine figurent à la table des négociations Trump-Poutine, qu’elles aient une chance de participer aux décisions concernant leur futur, rendez visite à Xi (il trouvera sûrement un créneau dans son agenda).
Pourquoi ?
Parce que vous n’êtes pas assez fort pour faire bouger Trump en le suivant. Vous n’y gagnerez que mépris ;
Parce qu’il vous respectera si vous lui donnez la preuve que vous avez compris sa vision stratégique ;
Parce que vous pouvez négocier avec Xi sur des bases d’intérêts mutuels bien compris et donc en tirer quelque chose et marquer l’opinion mondiale avec un geste fort.
Détourner le chaos avec une poignée de main… Quoi de plus élégant ?
Songez à celle de Nixon et Mao en 1972. Et si la tête de ce président là ne vous reviens pas, pensez à l’impact de Kissinger sur son époque.
Ne regardez pas le doigt qui cache la lune
« Le deal pour les nuls », selon Trump, consiste à frapper fort, dérouter ses interlocuteurs, avant de se mettre à table.
Ses injures contre Zelensky n’en sont que la manifestation la plus récente, la plus ridicule si elle n’était des plus dangereuses quand on sait la façon dont Poutine règle leur sort à tous ceux qui le gênent un peu trop dès qu’ils sont moins protégés.
Comme les ingénieurs du chaos qui misent sur l’émotion pour masquer la vérité, ou comme les pickpockets qui vous bousculent d’un côté pendant qu’un acolyte vous vole de l’autre Trump vous (nous) choque pour s’assurer que nous n’aborderez que trop tard la seule question qui compte pour lui : l’affrontement Chine-États-Unis.
L’émotion est à son maximum. Nous ne pensons qu’au scandale et à la Russie oubliant ainsi qu’elle n’est qu’une puissance de deuxième ordre au niveau planétaire, malgré son arsenal nucléaire. Question qui pourrait être vite réglée dans les mois qui viennent par un nouvel accord entre Washington et Moscou.
En clair, et dans un premier temps, Trump est disposé à faire tous les cadeaux que Poutine lui demande… mais pas seulement parce que l’homme lui est sympathique, ni même parce qu’il est intéressé par les métaux stratégiques.
Tout cela est vrai, mais pas déterminant.
« Et si… » l’offre véritable de Trump à Poutine était de le sortir du piège géostratégique dans lequel il s’est lui-même jeté en envahissant l’Ukraine sans prévoir qu’elle résisterait.
« Et si… » dans ce billard à trois bandes, Trump cherchait à séparer la Russie de la Chine ?
Eurasie + Afrique : un Yalta gargantuesque… à 2
Maintenant que ses visions impériales pour le continent américain et le Groenland sont claires, Trump pourrait bien négocier le sort du reste de la planète : l’Europe, l’Asie et même l’Afrique. Aucune raison de se limiter si tout le monde marche et que Poutine est complice… pour de bonnes raisons.
Revenons à la surprise ukrainienne en février 2022 quand l’armée russe a échoué devant Kiev.
Le maître du Kremlin n’a rien trouvé mieux que de proposer son indéfectible amitié à Xi en échange d’une aide économique et militaire. Il livrait tout son front Est à son plus sérieux adversaire géopolitique. Car, comme le remarque l’ancien diplomate singapourien Kishore Mahbubani le 18 février dans la revue Foreign Affairs : « Quel est le principal rival stratégique de la Russie, l'UE ou la Chine ? Avec qui a-t-elle la plus longue frontière ? Et avec qui sa puissance relative a-t-elle tant changé ? Les Russes sont des réalistes géopolitiques de premier ordre. Ils savent que ni les troupes de Napoléon ni les chars d'Hitler n'avanceront à nouveau jusqu'à Moscou. » A fortiori, vous me l’accorderez, celles et ceux de l’Union Européenne.
Mais il ne s’agit pas que de l’Eurasie puisque l’ultime affrontement est planétaire. Pourquoi pas inclure l’Afrique pendant qu’on est à table. Maintenant que la France est hors jeu militairement, soutenir Poutine lui permettrait de faire intervenir une puissance expérimentée à moindre frais. Une coopération ne saurait être exclue. Et Poutine pourrait ainsi préserver l’accès aux richesses minières ouvert par l’ancien groupe Wagner.
Tout est dans la poignée de main
Que discuter avec Xi ?
Mahbubani conseille à l’Europe de pousser la Chine à participer au développement de l’Afrique afin de réduire les migrations qui lui posent problème. Pas une mauvaise idée venant d’un expert… Vous pourriez juste ajouter que l’expérience française suggère de ne pas être trop gourmand.
Appuyez vous sur la confirmation du soutien chinois aux accords de Paris abandonnés par Trump. Nos préoccupations sont assez proches en matière d’environnement et de crise climatique. Nos intérêts aussi.
Quant à l’intelligence artificielle, les perspectives sont immenses. Pékin a signé l’accord conclu au sommet que vous venez d’organiser. Coopérer pour le développement d’IA plus frugales (pensez au Chat de Mistral ou à DeepSeek ) que celles conçues à Silicon Valley intéresserait la pus grande part de l’humanité.
Mais n’allez pas trop loin. Je vous dis pourquoi dans une seconde.
Je résume :
Si vous faites ce que tout le monde attend de vous, ni l’Ukraine, ni l’Europe n’obtiendront quoi que ce soit de Trump qui ne joue pas, en fait, le match auquel il fait semblant de ne pas vous inviter (sic).
Surprenez le, Poutine et tout le monde, en demandant à votre pilote de commencer par Beijing. Cet impensable bien pensé vous mettra dans une position, enfin, de surprise et de force. A lui d’être déconcerté.
Vous hésitez, Monsieur le Président ? C’est compliqué ?
Pas tant que ça.
Pensez « image » plus encore que « substance ».
Serrez-lui la main… devant les caméras (vous savez faire) !
PS - Aux lectrices et lecteurs de Myriades : J’espère que ma note à Macron vous a fait sourire… et dites moi - dites « nous » - si vous pensez que l’idée mérite réflexion. Ajoutez vos conseils pendant que nous y sommes…
Absolument génial c’est évident que Macron n’obtiendra rien de Trump
Pas de problème, Xi salive déjà en attendant que la Russie se soit suffisamment affaiblie, démographiquement et économiquement, pour se saisir en douceur de la Sibérie et de ses réserves, sans population à déplacer ou exterminer.