Révolution dans l'évolution ≈030
Créé par nous, les outils transforment nos façons de faire qui transforment notre planète et, au bout du compte, nous obligent à transformer nos façons de penser. C'est ça qui me passionne.
Autant mettre cartes sur table. Publier régulièrement oblige à se répéter, à partager ses obsessions. Vous en avez sans doute détecté plus d’une en lisant Myriades. Mais je voudrais insister aujourd’hui sur la plus forte : le changement. Depuis l’âge de 15 ans (peut-être un peu plus), je suis convaincu que : « il faut que ça change ». J’ignore toujours comment, mais je continue à chercher.
J’ai décidé d’écrire sur l’intelligence artificielle - en commençant avec la phrase « Ce truc change tout » - parce qu’elle va jouer un rôle essentiel dans les transformations à venir, bonnes et mauvaises. Créé par nous, les outils transforment nos façons de faire qui transforment notre planète et, au bout du compte, nous obligent à transformer nos façons de penser. C'est ça qui me passionne.
Prenons trois informations ayant émergé ces derniers jours.
Le maire de New York s’adresse à ses concitoyens dans des langues qu’il ignore
Eric Adams, le maire de New York, vient de défrayer la chronique en s’adressant à ses concitoyens qui ne parlent pas anglais dans leur langue, qu’il ne parle pas : espagnol, yiddish ou mandarin par exemple. Il lui a suffit d’utiliser une technologie comparable à HeyGen dont j’ai déjà parlé. Elle peut enregistrer la voix d’une personne et la reproduire parlant d’autres langues tout en respectant ses intonations. Les messages circulent sous forme d’appels aux membres de communautés concernées pour les encourager à travailler pour la municipalité ou participer à des évènements tels que des concerts, explique le New York Times.
Les défenseurs de la vie privée critiquent cette mesure « profondément orwellienne » consistant à faire croire aux gens que le maire parle leur langue alors qu’il l’ignore totalement. Certains l’accusent également de préparer sa réélection dans une des grandes villes cosmopolites du monde qui compte, par exemple, 1,5 millions d’hispanophones.
Je parie qu’il va falloir s’y faire… en faisant attention aux abus qui ne manqueront pas, comme toujours.
Pour en savoir plus sans payer, googlez : Eric Adams intelligence artificielle… dans la langue de votre choix…
L’IA peut « deviner » les images que nous voyons
« L’intelligence artificielle (IA) pourra-t-elle un jour lire directement dans notre cerveau, y traquer nos pensées ? » s’interroge Hervé Morin dans le Monde du 19 octobre. Il précise que « Une série de travaux récents suggère en tout cas que l’IA est en mesure de décoder et de traduire toujours mieux, sous forme de textes et d’images, notre activité cérébrale, lorsque nous écoutons un récit, voulons parler ou regardons des images. »
Je vous passe les détails techniques compliqués mais vous montre ces deux images saisissantes. Celle de gauche représente ce qu’a vu la personne dont le cerveau était scanné, celle de droite, ce que l’IA a interprété. La ressemblance n’est pas parfaite. Mais comme dit l’auteur de l’article « Effet waouh garanti ».
La surprise, des chercheurs eux-mêmes, provient du fait que les systèmes appliquant le deep learning (une forme d’IA) fonctionnent de façon encore plus proche du cerveau qu’on ne croyait. Avantages : ça peut aider, grâce à des implants, des personnes paralysées ou en état de conscience altérée.
Googlez : Jean-Rémy King Meta-AI en limitant la recherche à moins d’un mois
J’ai trouvé le contrepoint de cette info dans un article du site Wired du 17 octobre qui montre, toujours en citant des travaux scientifiques, cette fois-ci de l’École Polytechnique Fédérale de Zurich que « Les chatbots comme ChatGPT peuvent déduire un grand nombre d'informations sensibles sur les personnes avec lesquelles ils discutent, même si la conversation est tout à fait banale. » Le phénomène semble provenir de la manière dont les algorithmes des modèles sont entraînés à partir de larges pans de contenu du web (la base de leur fonctionnement) avec des conséquences qui semblent « très très problématique » au responsable de l’étude Martin Vechev.
Les principaux chatbots fonctionnent tous sur la mise en relation d’un très grand nombre d’informations et apprennent sur cette base à induire, voir deviner certaines caractéristiques de la personne en train de les interroger. Ainsi parler du « tram du matin » peut conduire à supposer que la personne vit en Europe où ils sont plus nombreux qu’aux États-Unis. L’addition des fragments fait la différence.
Que voilà une source idéale pour une publicité bien ciblée. N’est-ce-pas ?
Peur et pas peur… mais changement considérable. Nous allons devoir comprendre que tout ce que nous faisons laisse des traces et trouver les moyens pour ne pas en être victimes.
Révolution dans l’évolution
Ça fait 55 ans que j’ai envie de pouvoir écrire ce titre sérieusement. Les plus âgé.e.s sauront pourquoi… partagez le en commentaire…
Passons maintenant au gros morceau, à ce changement considérable dans notre compréhension de l’univers : les lois de l’évolution ne sont pas seulement le propre du vivant.
Un article publié sur le site de l’Association américaine pour le développement des sciences annonce « la nouvelle loi [qui] stipule que les systèmes naturels complexes évoluent vers des états plus structurés, plus diversifiés et plus complexes. » L’évolution ne se limite pas à la vie sur terre, elle se produit également dans d'autres systèmes depuis les planètes et les étoiles jusqu'aux atomes, aux minéraux, etc. »
Pour que cela soit possible nous explique très clairement (et en français) Up Magazine, il faut que les systèmes en question soient composés de nombreux éléments différents; qu’Ils soient soumis à des processus naturels qui entraînent la formation d’innombrables arrangements et qu’une fraction de ces configurations survive. « Que le système soit vivant ou non, lorsqu’une nouvelle configuration fonctionne bien et que la fonction s’améliore, il y a évolution. »
Le noyau tient à l’idée de « sélection pour la fonction » explique Michael L. Wong, astrobiologiste à la Fondation Carnegie et premier auteur de l’étude. Il ne s’agit plus simplement de survivre comme pour Darwin, mais de durer ce pour quoi il faut gagner d’abord en stabilité. Les systèmes dynamiques ont besoin de s’alimenter en énergie. Mais le plus important est la capacité de générer du nouveau, ce que l’on appelle classiquement « émergence ».
Ainsi posé, l’évolution des plantes et des animaux, du vivant, n’est plus qu’un cas spécial d’un phénomène beaucoup plus vaste. Vous doutez ? Bravo.
Mais, il se trouve que « les minéraux de la Terre, qui étaient au nombre d’une vingtaine à l’aube de notre système solaire, sont aujourd’hui près de 6 000, grâce à des processus physiques, chimiques et finalement biologiques de plus en plus complexes qui se sont déroulés sur 4,5 milliards d’années », précise le Laboratoire des sciences de la terre et des planètes de la Fondation Carnegie d’où viennent les deux principaux auteurs de la recherche.
Voilà bien un indice - je n’ose pas parler de preuve, oh non - que nous allons devoir envisagez de penser différemment… d’autant plus que nous nous en donnons les moyens.
Googlez : michael wong carnegie fonction
A la semaine prochaine mais… s’il vous plaît, n’oubliez pas mon invitation à nous fournir quelques exemples ou images de ce qu’un an de ChatGPT ont entraîné pour vous. J’ai déjà reçu plusieurs emails et commentaires mais serait ravi d’en avoir plus pour les partager avec vous.
A très vite…