Utile et d’accès facile ≈033
L’IA va bouleverser notre façon de dire, de penser, de faire, mais pas tout de suite. Voici comment repérer les problèmes qu’elle aide à résoudre et les interfaces qui permettent d’y accéder.
Bonjour,
Pour lancer Myriades, j’avais choisi comme titre du premier billet « Ce truc change tout », une phrase de Steve Jobs au moment de présenter l’iPhone.
C’était le début, l’irruption de ChatGPT commençait à secouer notre accès à l’information et à l’IA générative, un domaine très particulier des multiples technologies et même sciences regroupées sous le titre d’intelligences artificielles. Mais, sans perdre de sa vérité, la formule d’un des plus grands magiciens de la comm devient vite insuffisante. L’énormité du sujet était évidente, et si c’était à refaire aujourd’hui, je recommencerais. Mais différemment.
L’engouement s’est un peu calmé. ChatGPT n’a que 100 millions d’utilisateurs chaque semaine ce qui au niveau de la planète reste infime. Les médias de masse essayent encore régulièrement de nous faire peur, mais ça attire moins de trafic. Et, même si les très grands acteurs planétaires restent les mêmes, on constate une floraison d’entrants venant aussi bien des entreprises de la big tech que de startups pas seulement californiennes. Ça foisonne.
En clair : L’IA s’insère partout, mais dans tellement de directions qu’il est encore tôt pour détecter les plus importantes. On risque de se perdre, même les pros qui tentent de s’y retrouver en suivant des sources privilégiant tout ce qui bouge et promet des fortunes rapides… Pas très utile pour vous et moi.
Je vous propose donc une double approche de l’IA avec une boussole - la question des interfaces - et une méthode - le suivi de ce qui est vraiment utile.
Commençons par cette dernière.
Méthode : suivre les problèmes que l’IA permet de résoudre
Ça ne va pas nous rendre milliardaires, mais faisons comme si nous étions à Silicon Valley. Après tout ils doivent bien avoir un ou deux secrets…
Tout.e startupeur ou startupeuse s’est entendu demander par ses investisseurs « Quel problème votre technologie résout-elle ? »
La réponse n’est pas facile dans la mesure où, faute de certitudes, surtout dans la phase initiale d’un produit, il faut prendre des risques. Question essentielle que les financiers avertis abordent souvent en s’abritant derrière la formule « Spray and pray », arrosons et prions. Pas si bête puisque, dans les faits, seule une startup sur dix s’en sort vraiment bien même quand les meilleurs spécialistes se sont penchés sur son berceau, le plus souvent pendant des années.
Capital risqueurs et startupeurs peuvent se raconter ce qu’il veulent, il est toujours bon de se concentrer sur ceux qui prétendent résoudre de vrais problèmes, de vraies aspirations humaines comme le besoin d’amour ou celui d’accroître ses revenus et donc son efficacité au travail, de faire avancer la science et notamment tout ce qui concerne la santé.
A l’heure de l’IA il est important de distinguer, comme j’essaye de le faire, sa dimension générative (comme ChatGPT d’OpenAI-Microsoft ou Bard de Google) et les formes plus classiques qui consistent à traiter d’énormes quantités de données comme celles qu’utilisent Amazon ou Spotify, par exemple, pour conseiller de nouveaux produits, d’autres morceaux de musique ou de podcasts susceptibles d’intéresser leurs clients.
Sans aucune prétention d’exhaustivité (toujours vaine en ces temps de myriades…) je me contenterai, aujourd’hui, de donner quatre exemples de domaines ou l’IA semble manifestement utile (et suis très curieux de savoir si vous en voyez d’autres du même genre).
- Les outils de simplification ou d’amélioration de la qualité du travail
- Communications entre humains, interprétation et traductions
- le développement scientifique et notamment médical
- la défense ou, pour être plus clair, la guerre
Mais la méthode, aussi sérieuse et pensée soit-elle, ne suffit pas. Pour que ça marche il faut un accès sans couture, seamless en anglais.
L’interface comme boussole
Pour qu’une technologie s’impose il lui faut au moins une infrastructure existante (ou facilement déployable) accompagnée d’une interface d’usage facile, voire séduisante, m’a expliqué mon amie Anne Bezançon, qui a lancé et vendu avec succès une startup à San Francisco. Il s'agit, lisons entre les lignes, d’atteindre le plus grand nombre, ce qui est bon pour le business, et de démocratisation par l’accès, belle avancée sociétale.
Trois exemples :
- L’imprimerie a multiplié l’accès à la lecture et, donc, à l’écriture qui existait depuis longtemps enfermée dans des livres rigoureusement gardés dans des monastères.
- Le web a permis l’accès à l’internet, dont l’infrastructure existait déjà, grâce à Netscape (le premier navigateur) et à ses descendants en nous permettant de lire, entendre et/ou regarder tout ce qui s’y publiait.
- L’iPhone s’est révélé une sorte d’interface physique nous permettant d’être toujours connecté (ou de choisir quand l’être ce qui est préférable) pour communiquer ou chercher des informations… utiles mais pas que.
Comment la question de l’interface avec la puissance extraordinaire de l’IA se présente-t-elle ? Contentons-nous de deux exemples pour aujourd’hui.
- Simplification extrême, la possibilité de dialoguer avec nos appareils est en train de devenir le plus gros bouleversement.
- Elle permet de consulter oralement ChatGPT sur son téléphone ce qui en fait un outil d’apprentissage et de découverte (voir plus bas quelques exemples concrets).
- L’interprétation et la traduction entre langues différentes, comme je l’ai déjà évoqué déjà, pourrait nous libérer de la malédiction de Babel (mais peut nous confronter à d'autres problèmes, comme toujours).
- A un tout autre niveau, les géants de la tech sont en train d’inclure l’accès à l’IA dans les outils que nous utilisons tous les jours et ouvrent la porte à des assistants personnels susceptibles de bouleverser notre façon de travailler. Microsoft le fait avec Copilot dans sa célèbre suite d’applications (Word, Excel, Powerpoint, Outlook etc.) et Google suit le même chemin.
Notons que dans ses prévisions pour 2024, The Economist qui n’est pas la source la moins sérieuse dans le domaine des technologies et de leur impact sur le monde du business, écrit que « avec un peu de chance (hopefully) de nombreux outils d'IA générative seront bientôt plus faciles d'accès ».
Début de tendance… n’oubliez pas d’être patients, et jetez un coup d’oeil sur ces exemples…
Concret : très utiles et facile à utiliser
- L’IA au secours des artistes. Elle permet aux chanteurs de s’exprimer avec leur voix dans toutes les langues pour élargir leur public - Lala Sadii, qui compte cinq millions d'abonnés sur YouTube, souhaitait entrer en contact avec des fans d'autres pays en créant de courtes vidéos lyriques de type karaoké pour sa chanson Murder my feelings. Elle utilise maintenant un type d’IA qui permet de transcrire sa voix tout en respectant le mouvement de ses lèvres.
- La voix pour nous libérer des écrans et des smartphones. La proposition de Humane. Un premier pas.
- Les employés les moins formés sont ceux qui bénéficient le plus du recours à l’IA générative selon le Financial Times.
- ChatGPT peut transformer notre façon d’apprendre comme le montre Frank Andrade, auteur de la newsletter Artificial Corner. Il s'en sert pour se préparer à un entretien comme pour corriger ses fautes de grammaire avec explication de la règle en jeu, ce qui lui permettra de ne pas recommencer. Impressionnant.
A la semaine prochaine…