ChatGPT, bientôt un an ≈029
Faisons, ensemble, un retour sur cette étape majeure de l'évolution des technologies digitales. Vous savez les questions que je me pose. Faites nous part des vôtres, comme de vos découvertes...
Bientôt un an… que ChatGPT est apparu. La date exacte est le 30 novembre 2022.
Je n’arrête pas de vous dire, chaque semaine dans Myriades (qui a maintenant plus de 6 mois) ce que j’en pense, de partager les questions que je me pose, les doutes et les espoirs qui me traversent et surtout l’importance qu’il faut, j’en suis convaincu, accorder à cette étape majeure de l’évolution des technologies digitales (ou numériques pour ceux qui y tiennent, je suis très tolérant ;-)).
J’aimerais bien savoir où vous en êtes vous, comment cela vous a « touché ».
Certain.e.s s’en servent, du moins je l’espère. Dites-nous comment et pourquoi.
Simplement curieux, d’autres demeurent de marbre face à ce nouveau « truc ».
Je me demande aussi quelle place vous accordez à cette technologie dans votre, dans notre futur.
Ai-je raison de penser qu’il y a des gens qui, sans prétendre comprendre la technologie de façon détaillée ni envisager d’y faire fortune, se demandent quelles surprises l’IA nous réservent et ont envie de comprendre en termes simples ?
Vous pouvez m’écrire ou utiliser la petite bulle permettant des commentaires que vous trouverez en haut et en bas de cette newsletter.
N’hésitez pas. Allez-y ! Maintenant. Ce qui sort sans trop réfléchir, c’est toujours plein de vérités.
Quelques chiffres récents
Lancé par l’entreprise OpenAI, le chatbot ChatGPT est, de loin, la technologie qui a le plus rapidement attiré le plus grand nombre d’utilisateurs pour la bonne raison qu’il permet à chacun.e d’entamer un dialogue sur le sujet de son choix, une de nos activités les plus courantes. Cette fois, avec un ensemble de machines.
ChatGPT compte 180,5 millions d'utilisateurs, génère un revenu de 80 millions de dollars par mois et a dépassé les 10 milliards de visites (1,43 milliard de visites pour le seul mois d’août 2023).
La plupart des utilisateurs sont des hommes (65,68 %) et la majorité d'entre eux viennent des États-Unis (46,75 %), puis de l'Inde (5,47 %).
Usages : des chiffres délicieusement contradictoires
Comme je l’ai déjà signalé dans Myriades, Radio Canada signale une étude réalisée dans le pays par le cabinet d’études KPMG auprès de 5000 élèves de plus de 18 ans.
6 élèves sur 10 considèrent l’utilisation d’outils d’IA générative comme de la tricherie;
52 % des étudiantes et étudiants majeurs l’utilisent comme aide dans leurs travaux scolaires;
87 % estiment que leurs devoirs sont de meilleure qualité en utilisant l’IA;
Cela s’est concrétisé dans 68 % des cas en de meilleures notes;
81% d’entre eux y voient une compétence essentielle pour l’avenir;
72% veulent suivre des cours pour apprendre à mieux s’en servir.
Character.ai le second que nous connaissons mal
Et n’allez pas croire que ses concurrents les plus sérieux sont produits par Google-Bard ou Meta-Facebook.
Character.ai, le petit qui le talonne propose lui aussi de converser, mais moins pour savoir ou faire réaliser une tâche par les ordinateurs que pour s’amuser. Lancé le 16 septembre de l’année dernière, deux mois avant ChatGPT, il permet de dialoguer avec Napoléon, Einstein et, j’imagine Marylin Monroe comme Marie Curie. « Mais outre cet aspect ludique, la plateforme permet également de répondre à un vrai besoin de dialogue face à des situations de solitude. Reste à espérer qu’il ne s’agit que d’une mauvaise passe, et que ces jeunes pourront bientôt échanger avec des êtres faits de chair et d’os, » explique le site PresseCitron. 60% des utilisateurs ont entre 18 et 24 ans et y ont recours essentiellement sur leur mobile. Certains analystes envisagent qu’elle dépasse bientôt ChatGPT.
L’attrait semble irrésistible et, pourtant le site prévient clairement le visiteur dès qu’on essaye de l’utiliser :
« 🤥 Tout ce que disent les personnages est inventé ! Ne croyez pas tout ce qu'ils disent et ne les prenez pas trop au sérieux. »
« 🤬 Les personnages peuvent être offensants par erreur. »
« 🥳 Les personnages peuvent être n'importe quoi. Notre technologie d'IA révolutionnaire peut donner vie à toutes vos idées. »
« Nous espérons que vous vous amuserez beaucoup à donner vie à votre imagination et nous avons hâte de discuter avec les personnages que vous aurez créés ! »
Notre besoin de « relations » est une des plus importantes, ce que Facebook a compris dès le départ et Google n’est jamais parvenu à réaliser de façon convaincante.
Images stéréotypées du monde
Que se passe-t-il si vous demandez à Midjourney, programme d’intelligence artificielle spécialisée dans la génération d’images, qu’elle vous mette en scène un ou une Mexicain.e, les rues de New Dehli ou un plat indonésien ?
Des stéréotypes comme le montre cette belle enquête par RestOfWorld.org qui révèle, en images que :
Une « personne indienne » est presque toujours un vieil homme barbu.
Une « personne mexicaine » est généralement un homme portant un sombrero.
La plupart des rues de New Delhi sont polluées et jonchées de détritus.
En Indonésie, la nourriture est servie presque exclusivement sur des feuilles de bananier.
Quant aux habitants du Niger, il suffit de mettre aux femmes des couleurs criantes et de grosses boucles d’oreilles pour que ça fasse l’affaire.
Le site rappelle que dans le langage des très grandes entreprises « Rest of World » (ROW) désigne « tous les autres », les gens et les marchés qui ne figurent pas parmi les plus riches comme les États-Unis et l’Europe. Le site précise : « Nous aimons ce terme parce qu'il résume les problèmes que nous combattons de front : un mépris désinvolte pour des milliards de personnes et une vision du monde centrée sur l'Occident qui exclut un nombre inconcevable d'idées, d'opportunités et de nuances de la conversation mondiale. »
Cher Francis,
L'arrivée de ChatGPT est une étape incroyable. Sa facilité d'accès et les perspectives qu'ouvre cette plateforme sont époustouflantes.
Dans mon métier, celui des médias d'information, c'est une révolution, oui une révolution, supérieure à celle de l'arrivée de l'Internet parce qu'elle touche directement aux contenus.
Mon a priori est que les IA vont rendre plus intelligents à la fois les producteurs et les consommateurs d'information. C'est pourquoi elles doivent être comprises par le plus grand nombre, en particulier par les producteurs de contenus. Et que ces producteurs doivent travailler pour se mettre à niveau dans ce qu'ils font. Pour que l'IA soit utile et bénéfique, il faut que celui qui l'utilise soit bon dans ce qu'il fait. Un mauvais journaliste combiné à une IA donne du mauvais journalisme, même du pire journalisme. C'est pareil avec un artiste ou un scientifique.