Lancez-vous ! ≈024
L’intelligence artificielle est une technologie digitale. Développons ce que nous en savons pour les maîtriser, alléger nos tâches et mieux comprendre, voir influencer notre société.
Bonjour,
Vous avez bien compris, la semaine dernière, que je n’allais pas me contenter de la lettre adressée (sans illusion) au ministre de l’éducation nationale et à nos élites culturelles. L’acquisition de connaissances ne se fait pas qu’à l’école et celles qui y sont enseignées ne suffisent à personne. Mais ne croyez pas vous en tirer à si bon compte. Apprendre - dans tous les domaines - est notre co-responsabilité. Et quelque soit notre niveau de familiarité avec les technologies digitales dont est issue l’intelligence artificielle, il est insuffisant. Au travail ! « Il n’y a que cela qui amuse » disait Pasteur…
Vous savez d’où vient cet OVNI
Ne faisons pas fausse route. L’énorme importance prise par l’IA dans les médias ces derniers mois tient moins de la percée technologique que de l’accès ouvert à toute personne pouvant se connecter au web pour engager un dialogue quasi-humain avec les machines. Du coup nous fantasmons autour de questions tonitruantes sans bien réfléchir.
La réalité est, pour une fois, plus simple. Nous sommes en train de franchir une étape dans le développement de l’écriture digitale (1, 0) et de ce que nous appelons en français l’informatique. L’histoire de l’IA remonte à 1956 (date de l’apparition du terme) mais la vraie « révolution » remonte au moins à la deuxième guerre mondiale.
Les plus puissants de la phase précédente (Google, Amazon, Microsoft) occupent les premières places de la transition alors que certains mettent du temps à trouver leurs marques (Apple, par exemple) et qu’un nouveau venu essaye de renverser le plateau (OpenAI avec ChatGPT). Il en a toujours été ainsi dans l’histoire des technologies digitales.
La folie IA (AI craze en anglais) peut varier dans ses développements, le digital restera et c’est pour cela que nous devons l’intégrer, voir maîtriser le mieux et le plus tôt possible.
La bonne nouvelle est que nous ne sommes pas totalement ignorants en la matière du simple fait de tout ce que nous utilisons déjà : ordinateurs et téléphones portables pour à peu près n’importe quoi, cartes contenant des données pour payer ou s’identifier. Sans oublier le privilège de voir des films n’importe où, sur n’importe quel type d’écran, à quelque moment que ce soit, ni les jeux qui passionnent les plus jeunes et pas que.
Nous regorgeons d’expériences. Restons curieux. Avançons. Comment ?
En se formant. J’entends par là apprendre à utiliser l’IA, mais aussi comprendre d’où elle vient et les grands principes de son fonctionnement.
Cinq suggestions…
Commençons par le concret : cela veut dire quoi pour chacun d’entre nous ? Pas la même chose, bien évidemment si ce n’est en gardant une éternelle attitude d’enfant : tester, poser des questions, essayer de comprendre. Ce que - ça n’est pas un hasard - les tenants de l’IA s’efforcent d’obtenir de leurs machines.
Elle vaut quel que soit votre niveau de connaissances, de compétence, de familiarité. Je découvre tous les jours de nouveaux « trucs », de nouvelles possibilités en suivant les pistes improbables que me suggère ma navigation sur le web où les recommandations de mes ami.e.s. Tel livre à lire, telle conférence à regarder sans oublier les nouvelles apps qui fleurissent comme au printemps. C’est souvent passionnant, utile, intéressant, amusant (je me répète à dessein).
Voici donc cinq suggestions pour la vie de tous les jours. Faites y votre marché :
Lancez-vous - familiarisez vous avec ce que nous n’utilisez qu’à moitié, testez ce qui vous chante. Faites quelque chose que vous n’avez encore jamais fait avec votre ordi, votre tablette ou votre téléphone. Et n’abandonnez pas tout de suite en disant « je n’y comprends rien, » ou « ça ne marche pas ». Il ne s’agit que de biais pour vous encourager dans vos réticences. Etes-vous à jour dans l'utilisation d’Excel, de Google Doc ou de l’envoi de votre localisation sur WhatsApp ? Avez-vous commencé à pratiquer les prompts qui permettent d'obtenir les meilleurs résultats avec l’IA ?
Pensez à ce dont vous avez besoin - Quelle technologie peut vous aider à mieux résoudre un problème, à gagner du temps, à mieux faire ce que par habitude vous continuez à faire sur papier ? Ayez enfin recours à l’agenda de votre téléphone. Même si vous perdez ce dernier, les rendez-vous sont préservés. Si vous ne savez pas comment mettre des couleurs différentes pour distinguer chaque type d’activité, interrogez votre moteur de recherche qui vous expliquera comment. Il sert aussi à résoudre ces problèmes là.
Documentez-vous : livres, articles, podcasts, films, vidéos… abondent. Élargissez le champ de vos questions en ne vous limitant pas à celles qui vont confirmer vos à priori.
Créez une nouvelle catégorie dans votre tête - A côté des expos, musées, poésies, romans, films d'amour ou d’aventures, livres d'histoires ou documentaires, faites du digital une partie de votre culture, de ce que vous savez de ce que vous voulez apprendre, de votre curiosité. Servez-vous en pour comprendre et faire.
Discutez-en avec les vôtres, proches et pas seulement. Demandez conseil, partagez vos trouvailles et découvertes. Échangez avec des personnes différentes : autres générations métiers ou milieux sociaux. Faites-en, avec le foot ou le rugby, la famille, les enfants, la crise économique, ou votre haine de Macron, Le Pen ou Mélenchon, un sujet de conversation, de bavardages, une chance d'ouverture…
Ce que vous y gagnerez
Si j’insiste sur cette attitude que je trouve trop peu répandue c’est que je ne lui vois pas d’inconvénient radical. Sans devenir « fan », ce qui est rarement une bonne attitude, vous saurez mieux comment la vie de tous, et la vôtre, sont en train de changer. Vous comprendrez mieux pourquoi. Vous pourrez choisir sur de meilleures bases.
Au lieu de subir les orientations imposées par les implacables logiques d’affaires et les prétendus impératifs techniques, vous pourrez pousser vos élu.e.s à suivre votre exemple pour agir avec pertinence. Et puisque ces technologies sont essentiellement relationnelles, facilitant les échanges, vous pourrez participer.
Que ça bouge, tonnerre !
Concret : comment parler de l’IA avec vos enfants
La Technology Review du prestigieux Massachusetts Institute of Technology conseille aux parents d’enfants en âge scolaire d’aborder le sujet de l’IA directement avec eux en suivant quelques conseils que je résume.
N'oublie pas que l'IA n'est pas un ami. ChatGPT peut te donner l'impression de sympathiser avec toi, mais il se contente de mettre bout à bout des morceaux de phrases trouvés sur l'internet.
Les recommandations basées sur l’IA ont pour seul but de te maintenir en ligne pour augmenter trafic et bénéfices ce qui les conduit à te diriger vers les sujets qui attirent le plus de monde en jouant sur la peur et la colère.
L’intelligence artificielle ne remplace pas les moteurs de recherche. Elle peut donner de bonnes comme de mauvaises infos. Il faut vérifier.
Tu sais déjà que tu ne dois pas mettre de photos intimes en ligne, les tiennes comme celles de tes ami.e.s. C’est d’autant plus grave qu’elles risquent d’être modifiées par l’IA. [Un site valant mieux qu’un long récit, TR conseille aux parents de montrer directement des informations transformées par des hackers mal intentionnés.]
Ne néglige pas ce que l’IA peut faire bien : par exemple t’aider à comprendre un problème complexe, ou évaluer tes réponses à une question. Tout cela à condition de vérifier.
Je me permets d’ajouter qu’il serait utile de leur demander l’expérience qu’ils en ont déjà, ce que disent leurs copains et ce qu’ils en pensent.
Superbe! J'ai beaucoup aimé les "Cinq Suggestions"!