Tout parent sait que les bébés apprennent en « essayant »… de pleurer pour attirer l’attention, de mettre les doigts dans une prise électrique pour voir ce que c’est, de sucer le bord de la table basse du salon pour la goûter. Malgré tous ses défauts, l’intelligence artificielle en est totalement incapable. A moins qu’on lui donne un corps…
Ce que « sait » l’IA ne lui « dit » rien. Pour cela il faut un corps physique capable d’enregistrer des expériences dans l’espace et dans le temps. Ce que les robots peuvent faire. Comme les bambins ou les animaux.
Mais quelle différence y a-t-il entre robots et IA ?
Ne pas confondre intelligence artificielle et robots
Les premiers sont, en général, des machines dotées de pièces, souvent métalliques, avec des parties qui peuvent être organiques. Les plus courants ne sont pas dotés d'intelligence artificielle mais d’instructions pour réaliser des tâches habituellement effectuées par des humains qui en sont ainsi dispensés.
L’intelligence artificielle, par contre est un ensemble de données traitées par des algorithmes qui résident dans des serveurs. Tout circule - sous forme de flux d’informations - mais aucune pièce ne bouge.
Les robots "intelligents" ou "artificiellement intelligents" (mais je ne vois pas comment il pourrait en être autrement, pour le moment) ont des corps physiques dotés d'autonomie, de capacité de décision.
L’idée est que, « non seulement le corps et l’esprit sont connectés mais que le corps influence l’esprit. » Nous savons depuis les péripatéticiens, Rousseau et Nietzsche que marcher aide à penser. Mais la question qui taraude les chercheurs est de savoir « comment la pensée émerge d’un système incorporé, » c’est-à-dire qui « travaille avec des systèmes physiques du monde réel. » En d'autres termes : des robots.
Biomimétisme
Dans cette approche appelée Embodied AI, les robots « sont équipés de capteurs pour « importer des données du monde qui les entoure, ainsi que de systèmes d'intelligence artificielle en mesure de les examiner et d'en tirer des enseignements. »
Montrer à un robot ordinaire comment ouvrir sa main, l’approcher d’une clé à molette, puis la saisir, est relativement facile. Mais il est bien plus intéressant de le laisser deviner ce qu’on attend de lui, le laisser faire de multiples essais jusqu’à ce qu’il parvienne à prendre l’objet et assimile l’expérience pour la suite… comme les bébés.
Nous avons déjà fait la connaissance de Moxie, un copain pour enfants « capable d'interactions sociales crédibles et de réactivité émotionnelle, grâce à l'IA générative, au traitement du langage naturel et à la vision par ordinateur » affirment ses créateurs.
Les copies-adaptations d’animaux sont bien plus répandues même si elles prennent souvent de grande libertés quant à la forme originale. Elles vont de la souris se déplaçant sur le plancher au guépard capable de sauts périlleux arrière comme de se relever après avoir été renversé par un humain. Et n’oublions pas le chien doté d’une caméra qui lui permet de se déplacer en terrain inconnu sans carte préalable. Il peut même monter des escaliers.
Tout cela s’inscrit dans un courant de recherche appelé biomimétisme (biomimicry en anglais) que l’on peut définir comme « la pratique consistant à copier des processus naturels dans le domaine du design technologique et industriel » une approche toujours interdisciplinaire.
ChatGPT (que j’ai intégré à mon navigateur mais n’utilise pas sans le citer), m’a précisé que : « Le concept repose sur le fait que la nature a déjà traversé des milliards d'années de recherche et de développement pour trouver des solutions efficaces afin de survivre et de prospérer dans divers environnements. »
Cela peut servir pour mettre au point des véhicules autonomes (dont il est encore conseillé de se méfier) mais aussi des robots domestiques, à propos desquels voici quelques éléments qui vous aideront, j’espère, à vous faire une opinion… même si vous en avez déjà un chez vous.
Chez vous ? Roomba l’aspirateur « intelligent »
La marque américaine iRobots a déjà vendus 40 millions d’exemplaires en vingt ans. Ça représente un peu moins de la moitié du marché mondial des robots domestiques qui se chiffre en milliards d'euros.
La vedette au nom inoubliable - Roomba - est dotée depuis deux ans d’intelligence artificielle qui lui permet d'obéir à la voix, et de surveiller la maison quand vous n'y êtes pas. La différence concrète la plus importante avec les versions antérieures est qu'il apprend de ses erreurs. Le fabriquant est tellement sûr de son coup qu'il promet de rembourser l'appareil s'il passe sur une crotte de chien au lieu d’en faire le tour comme il se doit.
Il peut dialoguer avec Braava son collègue passeur de serpillère, tient compte des habitudes de la maison, traite chaque pièce (dont il a dressé la carte) différemment et repasse autant de fois qu’il faut quand les chiens perdent leurs poils.
Mignon n’est-ce pas ? Et presque sympathique ? Utile en tous cas. Seul problème difficile à ignorer : Roomba peut se transformer en espion. iRobot, la compagnie qui le fabrique, a été rachetée l’an dernier par Amazon, grande utilisatrice de l’IA qui cherche à mettre des Alexa, (enceintes connectées faisant office d’assistant personnel intelligent capable de contrôler les appareils de la maison aussi bien que de communiquer avec l’extérieur), dans autant de maisons que possibles. Ça peut permettre à cette entreprise que vous n’aimez pas mais que j’utilise de dresser la carte de votre appartement ou de votre maison pour mieux vous proposer des objets intelligents et utiles dont vous ignorez encore qu’ils vous font défaut.
Bonne semaine…
Évidemment ! J'adore les galipettes de l'animal sans tête. Et bien sûr, ne pas oublier que tout engin connecté a les moyens de devenir espion. Pas seulement pour le compte d'amazon. Le gouvernement français est en train de faire passer une loi qui permet à la police de le faire. Par exemple contre les terroristes-donc contre les ecolo si on suit Darmanin.